Née en 1980, après des études de lettres et de langues, Ingrid Thobois rencontre en 1999 l’œuvre de Nicolas Bouvier, qui devient une figure tutélaire. Elle part en 2001-2002 suivre pendant un an la route de L’Usage du monde, du Poisson Scorpion, et celle que retracent les poèmes de Le dehors et le dedans. Tout au long de ce voyage initiatique, elle étrille le mythe Bouvier pour se rapprocher de l’œuvre, se débusquer elle-même, et découvrir, par cercles concentriques, une constellation d’auteurs qui lui deviennent vite essentiels, notamment Henri Michaux.
En 2003, arrivée en Afghanistan (dont Kessel aussi l’avait fait rêver), où elle va enseigner le Français Langue Etrangère pendant un an et demi, elle écrit, écrit, écrit. Au retour, l’idée d’un roman s’installe, qui dirait aussi l’autre visage, lumineux, de ce pays, et ce faisant le dégagerait de l’ornière médiatique : un roman qui, sans édulcorer la violence, dirait également la vie, le quotidien, les liens qui existent toujours et partout, guerre ou non. Le roi d’Afghanistan ne nous a pas mariés paraît en 2007 chez Phébus et obtient le prix du premier roman[1]. Écrit dans la même intention de dire l’autre versant de l’Afghanistan, Nassim et Nassima est un roman pour enfants paru en 2009 (éd. Rue du monde).
L’ange anatomique (éd. Phébus) et Le simulacre du printemps (éd. Le bec en l’air), tous deux publiés en 2008, explorent sous des angles différents les thématiques qui lui sont chères : le couple, l’ailleurs, l’exil, la séparation, le corps, les fractures.
Dans ses romans jeunesse (Nassim et Nassima et Tao et Léo), Ingrid Thobois cherche à déconstruire les idées reçues, à rendre accessible aux enfants la complexité du réel. Ici, la ségrégation garçon / fille en Afghanistan ; là, la menace d’expulsion pesant sur les enfants scolarisés en France, dont les parents sont sans papiers.
Depuis 2005, Ingrid Thobois est sédentarisée à Paris. Ses voyages se font désormais le plus souvent en train et en France, d’atelier d’écriture en rencontres avec des lecteurs. Elle effectue toutefois, ponctuellement, des missions à l’étranger, notamment dans le cadre de l’observation électorale. Ici, là-bas ou ailleurs, c’est toujours d’ouvrir grand les yeux qu’il s’agit, de prêter autant attention au minuscule qu’à la démesure, d’observer partout les séismes intimes, joies ou peines. « Un voyage, fut-il de 1000 Li, commence toujours sous votre chaussure »… sagesse chinoise (Lao Tseu) que Nicolas Bouvier aimait à citer.
L'écriture d'Ingrid Thobois naît de l’alternance entre dehors et dedans, mouvement et sédentarisation. La fiction est un drap qu'elle tend sous l’arbre de la vie. La matière récoltée se distille dans l’alambic de la fiction. Et le roman, doucement, naît.
[1] Décerné par des critiques littéraires, dont Michèle Gazier, Nathalie Crom, Jean-Claude Lamy, Françoise Ducout, Joël Schmidt, Françoise Xenakis et Jean-Pierre Tison.
Interviews d'Ingrid Thobois :`
- Sur Le roi d'Afghanistan ne nous a pas mariés : Cliquez ici - Sur Nassim et Nassima : Cliquez ici
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Réalisations
Livres :
2007 : Le roi d’Afghanistan ne nous a pas mariés, éditions Phébus, roman. Prix du premier roman 2007. Éditions Livre de Poche, 2008. 2008 : Le début de la fin, Magazine Senso n°30, nouvelle. 2008 : L’Ange anatomique, éditions Phébus, roman. Éditions Livre de Poche, 2010. 2008 : Le simulacre du printemps, éditions Le bec en l’air, dialogue photographique. 2008 : Baseline Road, Colombo 09, Magazine Senso n°33, nouvelle. 2009 : Nassim et Nassima, éditions Rue du Monde, roman jeunesse, Prix des enfants du livre 2011, festival du livre jeunesse Midi-Pyrénées, mention spéciale pour Judith Gueyfier, illustratrice du roman. 2009 : Vetiver, revue Harfang, nouvelle. 2009 : Rahel, Témoignage chrétien, nouvelle. 2011 : Tao et Léo, éditions Rue du Monde, roman jeunesse. 2011 : Sollicciano, éditions Zulma, roman. Non publié : Les sorciers meurent aussi (traces poétiques d’un itinéraire de 10 mois sur les pas de Nicolas Bouvier), poésie.
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